MEMORANDUM
POUR LE DROIT A
L’AUTODÉTERMINATION DE LA KABYLIE
Déposé à l’ONU le 28 septembre 2017
Algérie versus Kabylie II : Les années 80
LES ANNÉES 80 : A L’ASSAUT DE LA DICTATURE ALGÉRIENNE
-06/03/1980 : Troubles à la Cité Universitaires des filles de Ben Aknoun (Alger) où, dans le cadre de la célébration de la journée de la femme, une soirée culturelle kabyle est agressée par des étudiantes antikabyles.
-08/03/1980 : toujours dans le cadre de la
journée de la femme et dans la même cité des filles, les étudiantes kabyles
perturbent à leur tour la célébration des festivités officielles.
-10/03/1980 : Une conférence sur les «
poèmes kabyles anciens » de l’écrivain Mouloud Mammeri est interdite. Cela va
déclencher des troubles en Kabylie qu’on appelle depuis le « printemps berbère
» d’avril 1980. Ce fut l’un des événements les plus marquants du bras de fer
entre la Kabylie et l’Algérie avant 2001.
-11/03/1980 : Première marche depuis 1963 à
Tizi-ouzou de protestation contre l’interdiction de cette conférence.
Cela ne va pas s’arrêter. La Kabylie bouillonne. Une coordination est établie entre les étudiants kabyles d’Alger et ceux de Tizi-ouzou. L’Université d’Alger est le théâtre de rassemblements de protestation quotidiens.
Cela ne va pas s’arrêter. La Kabylie bouillonne. Une coordination est établie entre les étudiants kabyles d’Alger et ceux de Tizi-ouzou. L’Université d’Alger est le théâtre de rassemblements de protestation quotidiens.
-19/03/1980 : un brûlot provocateur du
rédacteur en chef du seul quotidien francophone du régime, « El-Moudjahid »,
met le feu aux poudres. Il accuse Mammeri de collaboration avec l’ennemi pendant
la guerre d’Algérie. Indignation unanime de la Kabylie qui se sent indignée et
offensée.
-27/03/1980 : 1ère arrestation d’un
étudiant, Arezki About.
-28/03/1980 : 1ère tentative de marche
improvisée à Alger, violemment dispersée par la police.
-07/04/1980 : Double tentative de marches à
Paris et Alger, à l’appel du FFS. A Alger, Ferhat Mehenni et Said Sadi
sont au premier rang de la manifestation. Intervention musclée de la
répression. Une centaine d’arrestations parmi les manifestants.
Pour la première fois de l’histoire de l’Algérie indépendante, le Journal Télévisé fait état d’une « tentative de marche » et accuse « la main de l’étranger ».
Pour la première fois de l’histoire de l’Algérie indépendante, le Journal Télévisé fait état d’une « tentative de marche » et accuse « la main de l’étranger ».
-A partir du 08/04/1980, la Kabylie est
lynchée dans les médias algériens. Le quotidien « El-Moudjahid » et son clone arabophone
« Ech-chaab » ne publient pour l’essentiel que les messages de soutien au
régime et de condamnation de la marche des « contre-révolutionnaires », «
valets » ou « suppôts » de l’impérialisme et du néocolonialisme. Les moindres
sections du FLN, parti unique, et de ses « organisations de masses » les plus
insignifiantes voient leurs communiqués repris par les médias du régime.
-10/04/1980 : L’Université de Tizi-Ouzou se
met en grève illimitée.
-12/04/1980 : troubles à El-Kseur et Sidi Aich
(Vallée de la Soummam) à la suite de l’interdiction d’un concert de Ferhat
Imazighen Imoula. Le Monde en fait état le 14/04 en écrivant : « Dans la Vallée
de la Soummam, c’est le chanteur Ferhat qui a mis le feu aux poudres ».
-16/04/1980 : La première grève générale paralyse
Tizi-ouzou.
-16/04/1980 : Le Chanteur Ferhat est
arrêté et torturé au commissariat central d’Alger.
-Dans la nuit du 19 au 20 avril 1980, à
l’heure où les étudiants de l’université de Tizi-ouzou dormaient profondément,
violente intervention des troupes anti-émeutes avec chiens et matraques pour
les déloger. Résultats : 547 blessés admis à l’hôpital de la ville. Cinq (05)
d’entre eux en ont définitivement perdu la raison.
Un millier d’arrestations en milieux estudiantins (Alger et Tizi-ouzou).
Un millier d’arrestations en milieux estudiantins (Alger et Tizi-ouzou).
-20 avril 1980 : Toute la Kabylie est
dans la rue pour protester contre la répression de ses enfants. Émeutes et
barricades pendant une semaine (20-27/04). Les voies de communication sont fermées autour
de la Kabylie par des barrages de gendarmerie et de l’armée pour empêcher que
personne ne puisse y entrer ou en sortir. Cela va faciliter le lynchage
médiatique de la Kabylie qui atteint son paroxysme entre le 20 avril et début
mai.
-15/05/1980 : Communiqué selon lequel toutes
les personnes arrêtées sont libérées à l’exception de 24 militants de partis
d’opposition (clandestins).
-20/05/1980 : Malgré une Kabylie presque
étêtée, une deuxième grève générale est observée à Tizi-ouzou pour, cette fois,
demander la libération des détenus.
Le pouvoir appelle à un congrès extraordinaire du FLN pour examiner les troubles en Kabylie.
Le pouvoir appelle à un congrès extraordinaire du FLN pour examiner les troubles en Kabylie.
-13/06/1980 : la veille de ce Congrès
extraordinaire du FLN, la Kabylie ne s’avoue pas vaincue. L’Université de
Tizi-ouzou organise, avec l’écrivain Kateb Yacine et le chanteur Ferhat, une
journée de résistance. L’écrivain, révolutionnaire qu’il était, reconnaît
publiquement qu’il existe « une question kabyle » en Algérie.
-26/06/1980 : les 24 détenus qui devaient être
déférés devant la Cour de Sûreté de l’Etat sont mis en « liberté provisoire »,
mais dans les faits, ils sont remis en liberté tout court. Leur dossier ne sera
jamais rouvert.
-Du 02/08/ au 16/08/1980, se tient le
Séminaire d’Yakuren. Une cinquantaine de cadres universitaires et syndicaux
ayant pris part de près ou de loin au « Printemps Berbère » (mars, avril, mai,
juin 1980) se retrouvent pour rédiger une plateforme de revendications kabyles.
Le document rendu
public est remis aux instances algériennes. Après un survol de l’histoire
millénaire d’Afrique du Nord, de la colonisation française et la « lutte de
libération nationale » en Algérie, les rédacteurs insistent particulièrement
sur la nécessaire reconnaissance par le pouvoir algérien de l’identité berbère
et des « langues populaires », qualifiées aussi de langues « maternelles » : le
berbère et l’arabe algérien.
-Septembre 1980 : Remaniement ministériel,
nomination pour la première fois d’un Secrétaire d’Etat aux cultures populaires
mais dont le travail n’a jamais concerné la promotion de la langue et de la
culture kabyles pour lesquelles il devait être consacré.
En réponse aux berbéristes kabyles, une circulaire présidentielle augmente substantiellement le volume horaire de l’islam dans l’enseignement au primaire et au secondaire.
En réponse aux berbéristes kabyles, une circulaire présidentielle augmente substantiellement le volume horaire de l’islam dans l’enseignement au primaire et au secondaire.
-10/10/1980 : Séisme violent à El Asnam (200
km à l’ouest d’Alger), rebaptisée depuis Chlef. Malgré la distance, les médecins kabyles
furent les premiers sur les lieux.
-03/12/1980 : Le chanteur Ferhat se
produit à Oran où les officiers kabyles de la base navale de Mers El-Kebir le
réquisitionnent pour un concert. Celui-ci a lieu au Mess des Officiers qui a vibré au répertoire
contestataire de l’artiste dont le fameux « Tahia Berzidan ». Cela ne
l’empêchera pas de se faire de nouveau arrêter à l’aéroport d’Alger, le
13/12/1981 alors qu’il devait se rendre pour un concert à St-Etienne (France).
-Janvier 1981 : Naissance de la revue Tafsut
(semi-clandestine) dans laquelle des réponses au déni d’identité et de langue
opposé à l’amazighité étaient apportées.
-Mars 1981 : Le pouvoir répond par la
proposition d’une « Charte Culturelle » du FLN.
-20/04/1981 : Grandiose 1er anniversaire du «
printemps Berbère » à l’université d’Alger et à Tizi-ouzou. La foule qui a fait
le déplacement est évaluée à des dizaines de milliers de personnes.
-21/04/1981 : 1er cours de langue amazighe
organisé à Bab Ezzouar (Alger) en présence de Salem Chaker, 1er professeur
kabyle de langue amazighe.
-19/05/1981 : pour la « Journée nationale de
l’étudiant », une quinzaine d’arrestations sont opérées en milieu estudiantin
kabyle à l’université d’Alger.
-21/05/1981, une manifestation
estudiantine est violemment réprimée à Vgayet. Une vingtaine d’arrestations.
-Juillet 1981. Devant la persistance de
la résistance kabyle, la 5e session du Comité Central du FLN est spécialement
convoquée pour débattre du projet de charte culturelle. Finalement plutôt
qu’une charte ce sera un simple « Rapport sur la politique culturelle » qui
sera adopté. Il résume la détermination de l’Algérie à éradiquer la langue
kabyle au nom de « l’unité nationale » en affirmant : « Ainsi qu’en
témoigne l’Histoire, plus d’une nation avancée est arrivée à accomplir un grand
bond en avant grâce à une langue unique véhiculant les activités de l’Etat et
les efforts de l’administration centrale, réalisant, ainsi, l’unité
nationale. » (Rapport
sur la politique culturelle, 5e session du comité central du FLN; édité par le
Ministère de l’Information, Alger, p. 19).
Mais durant les débats dont certains sont retransmis à la télévision, l’obsession unique des membres du comité central du FLN, d’en finir avec la question kabyle, tourne autour de la manière de « parvenir à ce que les mères kabyles parlent à leurs enfants en arabe aussitôt qu’ils sont nés » !
Mais durant les débats dont certains sont retransmis à la télévision, l’obsession unique des membres du comité central du FLN, d’en finir avec la question kabyle, tourne autour de la manière de « parvenir à ce que les mères kabyles parlent à leurs enfants en arabe aussitôt qu’ils sont nés » !
-11/09/1981 : Une décision d’organiser une
grève de la rentrée scolaire pour le 29/09/1981 est prise par le noyau dur des
activistes kabyles.
-18/09/1981 : arrestation de deux artistes
kabyles, Malika Domrane et de Matoub Lounes à l’aéroport d’Alger.
-28/09/1981 : pour désamorcer la grève, le
gouvernement algérien annonce la création d’une chair des cultures populaires à
l’université de Tlemcen (600 km au Sud-ouest de la Kabylie).
-Début octobre 1981 : Des mesures sont prises
contre les principaux animateurs du Mouvement Culturel Berbère.
-Arrestations à deux reprises du chanteur
Ferhat pour répondre de la grève du 29/09/1981. Son exemption du service
militaire lui est confisquée.
-Mutation du Dr Said Sadi de l’hôpital de
Tizi-ouzou à celui de Khenchela (Aurès). Il refuse de rejoindre son nouveau
poste.
-Appel sous les drapeaux de Ramdane
Achab qui rejoint sa caserne. Hend Sadi est recherché et rend publique une
déclaration, en se mettant momentanément en clandestinité.
-16/10/1981 : Condamnation par le Tribunal
d’Alger des étudiants arrêtés le 19/05/1981.
-31/12/1981 : Procès des militants kabyles
arrêtés le 19/05/1981 à Vgayet (ex Bougie). Deux bus pleins d’étudiants de
l’université de Tizi-ouzou, se rendent sur les lieux en signe de solidarité
avec les inculpés. Pour échapper à la pression estudiantine, le verdict sévère,
dicté par Alger, n’est rendu qu’après minuit, une fois que la fatigue avait
gagné la plupart des étudiants.
Les procès d’Alger et de Bougie ont bénéficié de collectifs d’avocats bénévoles constitués autour de Me Ali Yahia et de Me A. Ainouz.
Les procès d’Alger et de Bougie ont bénéficié de collectifs d’avocats bénévoles constitués autour de Me Ali Yahia et de Me A. Ainouz.
-1982 : A l’occasion du 20ème anniversaire de
l’indépendance de l’Algérie, le pouvoir manœuvre pour s’attirer les grâces de
la Kabylie.
-Février 1982 : Ait Ahmed est démarché de
manière officieuse pour qu’il rentre de son exil et qu’il mette un terme à son
opposition au pouvoir qui souhaitait le coopter. Refus catégorique du leader
kabyle qui ne voulait ni transiger sur ses principes ni remettre sa liberté en
danger.
-24/03/1982 : Ferhat et Mouloud Mammeri, de
retour de France, sont arrêtés à l’aéroport d’Alger.
-20/04/1982 : La Kabylie est de nouveau en
communion avec ses revendications identitaires et linguistiques en ce 2e
anniversaire de ce qui est désormais appelé le « printemps Berbère » de 1980.
-Mai 1982 : Annonce fracassante : Les restes
du Colonel Amirouche, le héros kabyle de la guerre d’indépendance, sont «
retrouvés » dans le sous-sol du siège de la gendarmerie nationale à Alger où
Boumediene les avaient cachés. Parti dans le but de ramener des armes de Tunis,
il n’y est jamais arrivé. Donné par les hommes de Boussouf, il fut tué en cours
de route par l’armée française près de Boussaada (270 km Sud-est d’Alger). On
jumelle l’opération Amirouche avec celle du rapatriement des restes de deux
autres leaders kabyles de la guerre d’indépendance : Ceux de Abane Ramdane du
Maroc, où il fut assassiné le 27/12/1957 par les tenants actuels du pouvoir, et
de Francfort, ceux de Krim Belkacem, assassiné par le régime algérien en 1970.
Ils seront tous les trois réinhumés au Carré des Martyrs du cimetière d’El-Alia
où reposent les dignitaires du système en place. Après la nationalisation des
hydrocarbures voici donc celles des icônes kabyles.
-Juin 1982 : Cheikh Imam (chanteur égyptien
emprisonné par Nasser et libéré sur intervention du président français,
François Mitterrand) chante à Tizi-ouzou. S’étant engagé à se rendre au campus
universitaire, après son récital à la Maison de la culture, pour apporter son
soutien aux militants « berbéristes », il en est empêché par la police qui lui
interdit de s’y rendre. Toutefois,
Kateb Yacine a été le remplacer au pied levé.
-02/07/1982 : Festival du chant patriotique à
Vgayet : Le même Cheikh Imam est de nouveau enlevé par la police pour
l’empêcher de rencontrer des militants du MCB (Mouvement Culturel Berbère).
-05/07/1982 : Libérations de quelques
militants berbéristes condamnés le 04/03/1976 dans le cadre de l’affaire des «
poseurs de bombe ».
-12 Septembre 1982 : Fête du Peuple Breton à
Brest (France) : Echanges houleux entre Kabyles et représentants de l’Amicale
des Algériens en France.
-02/11/1982 : Assassinat à l’arme blanche d’un
militant kabyle, Amzal Kamel, par un groupe d’étudiants islamistes à
l’université de Ben Aknoun (Alger). L’assassin présumé n’est condamné qu’à 6
ans de prison et finit par être gracié deux ans plus tard.
-04/11/1982 : Grève générale en Kabylie
pour protester contre cet assassinat. Riposte d’Alger : occupation militaire du
campus universitaire de Oued Aissi (Tizi-ouzou) où devait se dérouler le
meeting de protestation du Mouvement Culturel Berbère.
-06/11/1982 : L’enterrement d’Amzal
Kamel à Tiferdout (1200 m d’altitude près Tala Boudi, ex Michelet) draina des
milliers de personnes qui ont ponctué l’événement par une marche silencieuse
sur la ville (actuel Ain El Hammam).
-02/12/1982 : Confiscation par la police
du passeport du chanteur Ferhat. Il n’en recevra un autre que 5 ans plus tard
(janvier 1988).
-Mars 1983 : Mise sur pied de « l’Association
des Enfants de Chouhada » (enfants de maquisards kabyles tombés pendant la
guerre d’Algérie ». Sa première revue clandestine « Anza » (cri d’outre-tombe)
rend publique une lettre de l’Emir Abdelkader datée de 1870, refusant
l’alliance que lui proposait Bismarck contre l’ennemi français commun, en
écrivant : « Que Dieu maudisse le glaive qui se lèverait contre la France
généreuse » !
-20/04/1983 : La commémoration du 20 avril est
un succès éclatant malgré des tensions entre militants « culturalistes » et «
socialistes » au sein de l’université de Tizi-ouzou. La chanteuse Nouara régale
le public.
Visite de Chadli à Tizi-ouzou. En posant la première pierre d’une nouvelle cité à Nouvelle-ville, il glisse un document dans leqquel il fustige les militants kabyles.
Visite de Chadli à Tizi-ouzou. En posant la première pierre d’une nouvelle cité à Nouvelle-ville, il glisse un document dans leqquel il fustige les militants kabyles.
-Juin 1983 : Premières bases d’une
structuration clandestine du MCB. Deux textes ont été présentés au débat : l’un
de Salem Chaker sur la problématique linguistique et identitaire, l’autre par
Said Sadi portant sur la structuration politique. Les deux textes
complémentaires sont adoptés. La structure expérimentale mise sur pied est née.
La présidence
provisoire a été confiée à Me Mokrane Ait Larbi.
-05/07/1983 : Tentative de dépôt de gerbe de
fleurs au monument aux morts du centre-ville de Tizi-ouzou, par les « enfants
de chouhadas » kabyles qui décident de refuser que le sang de leurs parents
légitime la dictature algérienne. Un nouveau cheval de bataille est ainsi né.
Conjugué au MCB, la Kabylie se renforce et élargit son influence à d’autres
régions d’Algérie (Alger, Tipaza et Chlef notamment).
-16/07/1984, Ferhat Mehenni, qui depuis la
manifestation du 05/07 se cachait avec Mokrane Ait Larbi et Said Sadi à Dellys,
sort de la clandestinité et se fait arrêter aussitôt chez lui. Écroué à la
prison de Berrouaghia, il passe toute la journée au quartier des condamnés à
mort.
-04/02/1984 : Nouveau découpage territorial
algérien. La Kabylie est dépecée. Un tiers de sa superficie est affecté à de
nouvelles entités administratives limitrophes. La démarche consiste à éroder la
langue et l’identité kabyles sur les pourtours de la Kabylie.
-15/10/1984 : Le chanteur Ferhat et
l’activiste du MCB, Arezki About, sont arrêtés par la Sécurité Militaire qui
les interroge à Blida. Ils sont relâchés avec un message d’avertissement à
transmettre aux acteurs du MCB : « Gare à celui qui oserait perturber la
commémoration du 30ème anniversaire du déclenchement de la guerre d’Algérie, le
1er novembre).
-01/11/1984 : A Azeffoun, cité balnéaire
kabyle, un monument aux morts va être inauguré. Le faste et la solennité prévus
pour l’occasion, devant une foule nombreuse, sont perturbés et empêchés par des
militants kabyles (enfants de chouhadas et MCB). C’est la débandade générale
des dignitaires du régime algérien devant cette intervention défiant
publiquement leur autorité.
Ce fut la première victoire depuis 1980. Un nouveau processus de contestation du régime par la Kabylie se met en place.
Sur conseil de Me Ali Mecili, La FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme, francophone) est sollicitée pour admettre en son sein une ligue algérienne des droits de l’homme, si elle venait à être créée.
Ce fut la première victoire depuis 1980. Un nouveau processus de contestation du régime par la Kabylie se met en place.
Sur conseil de Me Ali Mecili, La FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme, francophone) est sollicitée pour admettre en son sein une ligue algérienne des droits de l’homme, si elle venait à être créée.
-06/02/1985 : Conférence à la Maison de la
Culture de Tizi-ouzou sur la « réécriture de l’histoire de la Wilaya III »
(Kabylie) pendant la guerre d’indépendance. Sa conclusion principale est « La
Wilaya III a participé à la Révolution » ! Quand on sait le rôle de premier
plan assuré par la Kabylie tout le long de la guerre d’Algérie, c’est là une
insulte de plus.
Avant le début des travaux, six militants kabyles dont cinq fils de maquisards tombés au champ d’honneur, sont arrêtés pour avoir voulu participer à ladite conférence. Ils sont écroués à la maison d’arrêt de la ville où ils entament aussitôt une grève de la faim.
Avant le début des travaux, six militants kabyles dont cinq fils de maquisards tombés au champ d’honneur, sont arrêtés pour avoir voulu participer à ladite conférence. Ils sont écroués à la maison d’arrêt de la ville où ils entament aussitôt une grève de la faim.
-Le 12/02/1985 : Leur procès a lieu à
Tizi-ouzou. La
relaxe est prononcée pour tous. Mais le procureur de la république, M. Aissi, meurt d’un
infarctus. Il n’a pas supporté les menaces et les vociférations de son ministre
qui lui reprochait d’avoir été en deçà de ce qui était attendu de lui lors de
son réquisitoire.
-Mars 1985 : Suite à des contacts avec
des milieux de l’opposition non kabyle, une première réunion pour créer une
ligue algérienne des droits de l’homme a lieu dans un restaurant d’Alger (El
Bassour). Saad Dahleb, membre de la délégation du FLN ayant négocié les Accords
d’Evian du 18/03/1962, y participe. C’est une caution officielle du régime. Que
cache-t-elle ?
Le deal entre la partie kabyle et son alliée arabophone du moment stipule que la présidence de la ligue ira à un kabyle, Me Abdenour Ali Yahia, tandis que la majorité absolue du Conseil d’Administration sera donnée à l’aile « arabe ». Les élections ont donné les résultats convenus. Le soir même, une réunion de ce conseil d’administration se tient et, surprise ! La partie majoritaire revendique que le président ne soit pas celui élu par l’assemblée générale mais par les membres du Conseil d’Administration. Crise ouverte ! La parole donnée n’est pas respectée. Scission.
Le deal entre la partie kabyle et son alliée arabophone du moment stipule que la présidence de la ligue ira à un kabyle, Me Abdenour Ali Yahia, tandis que la majorité absolue du Conseil d’Administration sera donnée à l’aile « arabe ». Les élections ont donné les résultats convenus. Le soir même, une réunion de ce conseil d’administration se tient et, surprise ! La partie majoritaire revendique que le président ne soit pas celui élu par l’assemblée générale mais par les membres du Conseil d’Administration. Crise ouverte ! La parole donnée n’est pas respectée. Scission.
-29/06/1985 naît, à Alger, la Ligue Algérienne
de Défense des Droits de l’homme, avec quand-même, oh prouesse, un non kabyle
dans son conseil d’adminitration, le psychiatre d’origine constantinoise, le Pr
Khaled Benmiloud.
-05/07/1985 : Célébration de l’anniversaire de
l’indépendance : Le MCB opérant sous couvert des enfants de Chouhada organise
un dépôt de gerbes de fleurs au centre-ville de Tizi-ouzou. La police
intervient. Douze militants sont arrêtés et transférés à Alger. Ils sont
déférés devant la Cour de Sûreté de l’Etat et écroués à Berrouaghia.
La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme, le MCB et les enfants de chouahada sont décapités.
La Ligue Algérienne de Défense des Droits de l’Homme, le MCB et les enfants de chouahada sont décapités.
-29/07 au 09/08/1985 : Grève de la faim des
prisonniers.
-20/08/1985 : arrestation des derniers
éléments du noyau du Mouvement Culturel Berbère (Said Sadi, Me Ait Larbi et
Said Doumane).
-30/08/1985 : Le plus populaire des
chanteurs kabyles, Ait Menguellet, réagissant à ces arrestations, dédie son
concert à Alger aux prisonniers kabyles.
-09/09/1985 : Arrestation d’Ait Menguellet au
prétexte de détention illégale d’arme à feu. Il est incarcéré à El Harrache
(banlieue-est d’Alger)
-10/09/1985 : Le Secrétaire Générale de la
Ligue Algérienne des Droits de l’homme, M. Hachemi Nait Djoudi, dénonce cette
arrestation. Il est à son tour écroué avec ses camarades à Berrouaghia.
-15/09 au 25/09/1985 : Emeutes en
Kabylie contre toutes ces arrestations.
-20/10/1985 : Les gardiens de prison de
Berrouaghia, sur ordre du ministre Boualem Baki, tentent d’agresser les
prisonniers kabyles qui se barricadent dans leur cellule collective.
-16/12/1985 : Ouverture du procès des
prisonniers kabyles devant la Cour de Sûreté de l’Etat à Médéa.
Le même jour est conclu l’accord de Londres entre l’opposant kabyle, Hocine Ait Ahmed et son ancien ennemi juré, Ahmed Ben Bella. La coïncidence avec le procès de Médéa était intentionnelle. Un historien renommé, ancien conseiller de Ben Bella, dit à ce dernier, en des termes moins polis : « Les Kabyles t’ont eu ! »
Le même jour est conclu l’accord de Londres entre l’opposant kabyle, Hocine Ait Ahmed et son ancien ennemi juré, Ahmed Ben Bella. La coïncidence avec le procès de Médéa était intentionnelle. Un historien renommé, ancien conseiller de Ben Bella, dit à ce dernier, en des termes moins polis : « Les Kabyles t’ont eu ! »
-18/12/1985 : Suspension du procès,
suite à la défection d’un membre du jury pour objection de conscience : Il ne
cautionne pas qu’on traduise en justice pour des raisons politiques, des
enfants de ses compagnons de maquis de la guerre d’indépendance. Le procès aurait dû être annulé pour vice de
procédure, mais il ira jusqu’au bout.
-23/12/1985 : Verdict de la Cour de Sûreté de
l’Etat : Cinq des vingt-trois inculpés sont condamnés à trois ans de prison
ferme et un sixième écope de dix-huit mois.
-02/01/1986 : Transfert des condamnés à
Tazoult-Lambèse où ils seront passés à tabac par un comité de matons préparé à
cet effet.
-Octobre 1986 : Émeutes en Kabylie orientale
et à Constantine. Des centaines d’arrestations. Ceux d’entre eux qui sont
transférés à la prison de Tazoult-Lambèse ont été répertoriés par les détenus
Kabyles, notamment Arezki Ait Larbi et leur liste sortie de prison grâce à un
ingénieux procédé technique de Ferhat Mehenni.
-02/11/1986 : transfert des prisonniers
politiques kabyles de Tazoult-Lambèse vers Constantine, Sétif et Blida.
-Mars 1987 : Le pouvoir algérien crée sa
propre Ligue Algérienne des Droits de l’Homme. Il l’actionne pour demander la
libération des détenus kabyles.
-07/04/1987 : Assassinat à Paris de Me Ali
Mecili par les services algériens. Il était le bras droit de Hocine Ait Ahmed
et c’était grâce à lui qu’il y a eu jonction entre le FFS et le MCB naissant,
et que Ben Bella accepta l’accord de Londres avec la Kabylie. La France
s’empresse d’expulser l’assassin vers l’Algérie, à la demande de celle-ci.
-27/04/1987 : Libération des prisonniers
kabyles suite à une « grâce présidentielle », mais leurs rangs sont
définitivement divisés.
-05/07/1987 : Libération des « poseurs de
bombe » kabyles, condamnés par la Cour de Sûreté de l’Etat le 04/03/1976.
-Juillet 1988 : Université d’été
clandestine en Kabylie pour former une nouvelle organisation politique plus
structurée et plus déterminée que le MCB.
-19/09/1988 : Le président algérien au
niveau intellectuel limité, pro-arabe, fait un discours ressenti comme
provocateur par la Kabylie. Il annonce que l’Algérie va s’unir avec la
Jamahiriya Arabe Libyenne et que « ceux qui ne sont pas d’accord, n’ont qu’à
aller vivre ailleurs ! »
-24/09/1988 : Des grèves tournantes dans
l’Algérois sont orchestrées dans les entreprises publiques.
-28/09/1988 : Premières émeutes à Alger.
-04/10/1988 : Réunion restreinte du MCB
pour évaluer la situation. Conclusions :
-Nécessité d’une meilleure information sur les
émeutes qui s’étendent à travers l’Algérie.
-Considérer le moment comme étant
révolutionnaire et en profiter pour recréer une société politique.
-Protéger la Kabylie de tout trouble non
contrôlé et qui mettrait le MCB hors-jeu. Un tract appelant à une grève
générale pour les 10 et 11 octobre est rédigé.
Dans
la foulée des discussions, suite à la décision de prendre attache avec toute la
classe politique réduite au silence, Said Sadi propose que l’on prenne langue
également avec le pouvoir algérien. Finalement on ne verra personne en dehors
des représentants de celui-ci.
-05/10/1988 : Etat de siège décrété par
Chadli. Intervention de l’armée pour rétablir l’ordre dictatorial. Des
centaines de morts et d’arrestations.
-06/10/1988 : Un émissaire du pouvoir, en la
personne du commissaire de la ville kabyle des Issers contacte la direction du
MCB : Son message est celui d’une menace sous forme de conseil : « Le pouvoir
n’attend qu’une seule chose : que la Kabylie bouge et il y fera un massacre.
Les sièges des wilayas (préfectures) kabyles sont truffés de commandos prêts à
intervenir contre les Kabyles qu’on va accuser d’être manipulés de l’étranger
pour fomenter tous les troubles qui se produisent à travers l’Algérie.
-07/10/1988 : Une délégation de trois Kabyles
est reçue à la présidence de la république par le bras droit de Chadli, Larbi
Belkheir. Hachemi
Nait Djoudi, Mokrane Ait Larbi et Said Sadi reviennent avec la conviction que
le pays va se « démocratiser ». La Kabylie tient son rôle sur l’échiquier politique
algérien. En dehors des Kabyles, c’est une délégation d’islamistes qui a été
reçue à El-Mouradia. Ces derniers s’attribuent les émeutes d’Alger et se font
prendre plus au sérieux que les pacifistes Kabyles.
-09/10/1988 : Le chanteur kabyle Matoub
Lounès, prend avec lui deux étudiants et des rames de tracts appelant à la
grève générale en Kabylie. Direction Michelet (Ain El Hammam). Ils distribuent les tracts
le long de leur parcours à partir de Tizi-ouzou. Signalé par les services de
sécurité, il est intercepté par un barrage de la gendarmerie dont le chef vide
sa Kalachnikov sur lui. Il ne doit sa survie qu’à une intervention le lendemain
de deux militants kabyles qui le retirent à l’hôpital de la localité où, il
allait à coup sûr mourir.
-10/10/1988 : Discours de Chadli annonçant une
ouverture politique sur la base d’un référendum. L’événement va accentuer les
divisions que l’épreuve de la répression de 1985 avait suscitées dans la classe
politique kabyle.
-13/10/1988 : Conférence de presse annonçant
la tenue des « Assises du MCB » en vue de créer un parti politique kabyle. Ait Ahmed, est
mécontent. La lutte pour le leadership en Kabylie est lancée. Elle fera plus de
dégâts au sein des militants que n’en avait fait la répression.
-29/10/1988 : Arrivée à Alger de l’actrice
française, Isabelle Adjani. Ce sont les Kabyles de la LADDH, à leur tête Me
Abdenour Ali Yahia qui l’accueillent et lui confectionnent son programme de
travail. C’est ainsi, que pour le 01/11/1988, journée d’inauguration d’un
monument aux morts à Ighil-Imoula (Kabylie) où fut tiré le tract appelant à la
guerre d’indépendance de l’Algérie, en 1954, elle préfère voir des blessés des
événements d’octobre 1988 dont le chanteur Matoub Lounès. Elle refuse d’aller à des « mondanités » du
régime algérien. Sa visite va internationaliser le cas dramatique de Matoub et
forcer enfin le gouvernement algérien à le transférer en France où il va être
sauvé de la mort in extremis.
SIWEL 131024 Oct 17 UTC
SIWEL 131024 Oct 17 UTC
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